Le sorgho, la petite graine qui monte

Traditionnellement cultivé dans le sud de la France, le sorgho fait de plus en plus d’adeptes dans des régions plus au Nord. Peu gourmande en intrants et en eau, cette petite graine a de quoi séduire.

Epis de sorgho © Arvalis-Institut du végétal-Nicole Cornec

85 400 ha en 2019, une prévision de 100 000 ha pour 2020, le sorgho n’en finit pas de gagner du terrain en France. En quatre ans, la surface couverte par cette céréale a progressé de plus de 50 %. L’Occitanie, terroir traditionnel de production, est désormais talonnée par la Nouvelle-Aquitaine et par la région Centre-Val de Loire. « Cette culture remonte vers le Nord, constate Jean-Luc Verdier, ingénieur régional chez Arvalis-Institut du végétal et animateur de la filière sorgho. Ses besoins en températures cantonnent pour l’heure sa culture au sud du bassin parisien. Mais le climat alsacien par exemple semble convenir à cette culture. »

Porcs et volailles en raffolent

En France, le sorgho est avant tout utilisé en alimentation animale, notamment pour les animaux monogastriques comme les porcs ou les volailles : en autoconsommation dans les élevages ou chez les fabricants d’aliments du bétail, en mélange avec d’autres espèces. Une petite partie de la production est exportée vers l’Espagne, notamment en Catalogne. « Le sorgho est également utilisé sur des créneaux de niche, comme l’oisellerie ou l’alimentation humaine, pour la production de farine, sans gluten, ou de bière, souligne Jean-Luc Verdier. Contrairement aux États-Unis, la France utilise très peu de sorgho pour produire de l’éthanol ».  

3 à 4 nouvelles variétés chaque année

La volonté d’allonger les rotations, le réchauffement climatique et l’arrivée de variétés de plus en plus précoces concourent à ce déploiement à l’échelle nationale. « Face à la hausse de la demande, la disponibilité en semences peut être un facteur limitant, poursuit Jean-Luc Verdier, même si la France reste le leader au niveau de la sélection ». Trois semenciers se partagent le marché : Euralis, Semences de Provence et RAGT. « En moyenne, trois à quatre nouvelles variétés enrichissent chaque année le catalogue, précise-t-il. Une belle dynamique, vu la taille du marché que représente cette culture par rapport aux autres céréales par exemple. »

Prendre soin du semis

Économe en intrants car peu sensible aux maladies et aux ravageurs, le sorgho est également plus résistant à la sécheresse que le maïs du fait d’un système racinaire très performant. « Il se sème au printemps, généralement après le maïs et le soja, explique l’ingénieur. La qualité de l’implantation est primordiale. Pour le reste de l’itinéraire technique, il est vrai que le sorgho est facile à cultiver . Selon le climat, le rendement oscille entre 50 et 100 q/ha : la disponibilité en eau peut expliquer les moindres performances dans les sols plus séchants. » Même si le sorgho n’est pas toujours la culture la plus rentable de l’exploitation, elle participe à l’allongement de la rotation et, à ce titre, répond aux attentes de plus en plus d’agriculteurs.

Carole Loiseau

En 2016, s’est tenu, à Bucarest en Roumanie, le premier congrès européen du sorgho. Deux journées qui ont réuni près de 250 professionnels. Y ont été abordées des thématiques aussi variées que le progrès génétique, l’agronomie, les marchés, les débouchés, la promotion de la culture ou la politique agricole. De ce congrès est née l’organisation « Sorghum ID » pour fédérer les acteurs européens du sorgho. Sa mission : promouvoir le sorgho et sa génétique hybride.

LG
MD
SM