Au jardin comme au champ, l'union fait la force

Stimuler la croissance des plantes, limiter la concurrence des mauvaises herbes, lutter contre les insectes ou attirer la faune auxiliaire : la stratégie d’association des plantes a de nombreuses avantages. Jardiniers amateurs et agriculteurs l’ont bien compris et n’hésitent pas à la déployer à tout bout de champ.

Association de légumineuses © Jouffray-Drillaud

Le compagnonnage, vous connaissez ? Cette pratique, utilisée par des générations de jardiniers amateurs, vise à associer certaines plantes entre elles pour profiter des atouts de chacune avec, à la clé, l’idée de limiter l’utilisation d’engrais et de produits phytosanitaires. Si certaines plantes éloignent naturellement les ravageurs, d’autres attirent les insectes auxiliaires, bénéfiques pour les cultures. Trouver le voisin idéal n’est pas toujours simple. 

Avant de semer, identifier les atouts de chaque espèce

Au jardin, les associations bénéfiques sont nombreuses. Mais attention aussi aux liaisons dangereuses ! Se renseigner sur le profil de chaque espèce avant de planter favorisera la pousse et la protection de chacune. 
Quelques exemples ? Les carottes, par leur odeur, font fuir la mouche de l’oignon et la teigne du poireau, deux ravageurs redoutables au potager. Les limaces et les escargots n’apprécient ni la sauge, ni le romarin, ni le thym tandis que les pucerons noirs des rosiers fuient quand ils sont proches de la menthe poivrée. La lavande déplaît aux fourmis, aux limaces et aux escargots, et elle protège les roses contre les pucerons. En résumé, les plantes aromatiques sont de précieuses plantes compagnes. N’hésitez pas à les installer aux quatre coins du jardin en se renseignant avant sur leurs vertus cachées ! 
Autre exemple : les légumineuses (fèves, haricots…), capables de capter l’azote de l’air, enrichissent naturellement le sol en azote. Les associer à des plantes comme la tomate ou les cucurbitacées (concombre, melon, courgette…), friandes d’engrais, est conseillé. Star du potager, la tomate apprécie la présence d’ail, d’oignon, de carotte, de persil et de poireau. Quant à la fraise, n’hésitez pas à l’associer à des épinards, de la laitue, du haricot, de la tomate et du thym. 

Un couvert, plusieurs espèces

Les agriculteurs aussi utilisent cette pratique en associant, au sein de couverts végétaux, plusieurs espèces dans la même parcelle (généralement 5 à 6 espèces de plantes de familles botaniques différentes). « Si le rôle premier de ces mélanges est, durant tout l’hiver, de protéger les sols de l’érosion et de la battance (1), tout en limitant le passage des engrais vers les nappes phréatiques, l’enjeu est aussi de créer un lieu propice pour la biodiversité, résume Édouard Varaigne, chef marché agronomie chez Jouffray Drillaud. Pour nous, semenciers, l’objectif est d’associer des espèces complémentaires : des légumineuses pour capter l’azote de l’air, des crucifères au système racinaire puissant pour travailler le sol en profondeur et des plantes résistantes aux maladies ou à la sécheresse. Le « bon » mélange est aussi d’obtenir des plantes hautes pour valoriser au mieux le rayonnement solaire et d’autres capables de couvrir rapidement le sol, pour limiter la concurrence des mauvaises herbes » Tout est donc question d’équilibre et du rôle que l’on souhaite faire jouer au couvert. 

(1) La battance est la caractéristique d’un sol à se dégrader et à former une croûte en surface sous l’action de la pluie.

En vigne aussi

Une autre stratégie mise en place par les agriculteurs vise à semer plusieurs cultures en même temps : du colza et des féveroles, du blé et du trèfle blanc par exemple. Là encore, l’objectif est de réduire la pression des adventices et d’optimiser les apports d’intrants, sans créer de concurrence entre les espèces : tant pour la lumière, que pour l’eau ou les éléments nutritifs. Selon le choix de l’agriculteur, cette seconde culture peut être valorisée pour l’alimentation animale ou détruite, par le gel par exemple, pour apporter de la matière organique au sol. Les viticulteurs ne font pas exception : eux aussi profitent des atouts des couverts végétaux, en les semant entre les rangées. Là, l’enjeu est clairement de réduire l’usage d’herbicides tout en créant un lieu propice pour la biodiversité.

Carole Loiseau

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