Svalbard : l’arche de Noé des semences

Cela peut paraitre paradoxal de conserver des semences dans un coffre-fort gelé à 1000 km du pôle Nord. Dans cet endroit où rien de pousse, la banque de graines de Svalbard, située en Norvège, est surtout « une banque de secours » ! 

La réserve mondiale de semences du Svalbard © Free to use for any purpose. Photographer Dag Terje Filip Endresen (NordGen Picture Archive, image 004524)

Les collections in situ et ex situ

Plus de 1 500 banques de gènes stockent des semences ou des organes végétatifs à travers le monde. Des plus petites au plus grandes, certaines font office de « mémoire » pour les sélectionneurs et d’autres répondent aux demandes urgentes d’agriculteurs pour la prochaine récolte.

Les banques in situ sont des réserves de semences conservées près des lieux de production. Les plus grands centres internationaux sont situés sur les zones endémiques. Ainsi, 120 000 variétés de riz sont conservées à l’IRRI aux Philippines, 27 000 de maïs au CYMMIT au Mexique, 7 000 de pomme de terre au CIP au Pérou. De nombreuses plus petites collections existent, mais beaucoup sont fragiles de par leur taille, leur fonctionnement, leurs ressources. Elles peuvent être situées dans des zones instables politiquement ou dans un environnement menacé.

Conserver les semences hors de leur centre d’origine : les collections ex situ

Pour garder des semences à long terme et dans un objectif de sécurité alimentaire mondial, l’idée de regrouper une collection sur l’île norvégienne du Spitzberg a vu le jour en 2008. La réserve mondiale de Svalbard est aujourd’hui financée par des fondations, des Etats et des organismes privés sous la tutelle scientifique de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), du GCIAR (groupe consultatif pour la recherche agricole) et d’autres institutions à travers le Crop Trust Diversity Trust créé en 2004.

Une température toujours négative

Il fait naturellement froid et sec dans ce coffre-fort installé dans le permafrost, où ont été creusées trois chambres froides. La température est abaissée à -18°C et les graines sont protégées dans des enveloppes déposées dans des boites et conservés sur des étagères. Les semences ont alors un métabolisme extrêmement réduit et leur conservation est maximale.

Une capacité de stockage de 4,5 millions de graines

Actuellement, la banque de gènes de Svalbard comprend 820 000 lots (échantillons) provenant de toutes les régions du monde de céréales alimentaires majeures (maïs, riz, blé, orge, sorgho…) et de légumes (aubergine, laitue…) et de tubercules (pomme de terre…).

Un modèle parfait de conservation à long terme ?

D’un point de vue technique, la réserve mondiale de semences de Svalbard est une garantie de pérennité des collections, car le site est gelé en permanence. Inutile de craindre la fonte des glaciers ou l’élévation du niveau de l’océan, pas plus qu’une quelconque activité tectonique.  De même, l’administration et la gestion internationale du Centre de Svalbard est une garantie de pérennité et de sécurité. Mais en choisissant un financement public-privé, le centre est soumis à la critique de l’accès aux semences. Il existe bien une banque de données permettant des échanges internationaux, mais le Centre n’est pas organisé pour répondre à des demandes individuelles ou urgentes d’agriculteurs. Cet « arche de Noé des semences » est donc complémentaire des banques in situ, en espérant qu’il n’aura pas besoin de les suppléer !  

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