Qu’est-ce que la « gestion différenciée » d’un espace vert ?

Comment accueillir le grand public dans un parc et entretenir un espace vert tout en protégeant l’environnement ? Comment créer un cadre de vie agréable pour les urbains tout en respectant la biodiversité des trop rares espaces verts d’une ville ? Comment amener la nature en ville ? Réponse : en développant « une gestion différenciée » des espaces verts.

Sainfoin © Gnis-Julien Greffier

Des pratiques nouvelles à expérimenter

La « gestion différenciée » est une manière de manager les espaces verts plus respectueuse et plus proche de la nature. Cette gestion fine intègre une véritable approche écologique à la gestion « classique » des espaces verts. Il s’agit de mettre en place des végétaux adaptés à leur milieu (sol, climat, environnement urbain...).

Le but est de limiter l’entretien et les traitements phytosanitaires, de favoriser le développement de la diversité de la faune et de la flore, et de limiter l’exportation des produits de fauche ou de taille (compostage sur place).

Concilier Homme et Nature

La gestion différenciée assure ainsi un équilibre entre accueil du public, développement de la biodiversité et protection des ressources naturelles. Ses objectifs sont d’enrichir les villes en espèces végétales et animales régionales, de limiter les impacts négatifs sur l’environnement liés à la gestion classique des espaces verts, de créer un cadre de vie agréable et des paysages diversifiés. Par exemple, la ville de Guebwiller, en Alsace, explique aux habitants cette technique et son objectif de protection de la nature, par différents panneaux : 

  • Maintien volontaire d’une végétation spontanée en bordure de cours d’eau.
  • Corridor écologique, c'est-à-dire protection de l’habitat et de la circulation de la petite faune.
  • Zéro produit chimique pour préserver la qualité de l’eau.
  • Sur cette zone, protection de plantes menacées de disparition.

Changer les paradigmes

Sur le terrain, les choses ne sont pas toujours évidentes. Il faut parfois bousculer les habitudes en mettant en place des expérimentations. Par exemple, pour les gazons, des micro-parcelles d’espèces et de variétés pures de plantes à gazon ont été installées. Elles permettent de vérifier le comportement de chaque variété sur plusieurs années et suivant un régime très sobre : peu de fertilisation et aucun apport en eau ! Elles permettent aussi de voir l’impact de différents types de tonte (une par quinzaine, une par mois et une par an) et d’étudier le retour de plantes invasives.

Diminuer les tontes et les intrants !

Or, l’expérimentation sur les gazons montre qu’on peut tondre moins fréquemment. Pour certains mélanges, il n’y a pas de différence de croissance entre une tonte par quinzaine et une tonte par mois. En diminuant les intrants (engrais minimaux et eau), la croissance du végétal est en effet ralentie. De plus, diminuer les tontes permet de moins stimuler la croissance des plantes.

Les écarts de comportement sont importants selon les variétés. Deux exemples : l’ajout de trèfle blanc (une légumineuse) dans le mélange de graminées présente en effet une croissance plus élevée (même avec peu d’intrants). Par ailleurs, la forte présence de fétuque élevée (une espèce haute) donne un aspect inesthétique : il faut donc limiter son usage si l’on veut limiter les tontes. 

Changer les habitudes

La grande nouveauté de la « gestion intégrée », c’est de partir de la spécificité d’un site pour y développer un lieu d’accueil urbain durable. Il peut s’agir de la remise en état d’un écosystème urbain, plus riche en biodiversité, tout en diminuant les coûts d’entretien. Désormais, il s’agit aussi de penser en amont l’accueil du public  pour que les espaces verts soient des lieux de détente, et aussi des écosystèmes, c'est-à-dire des lieux ou l’ensemble du vivant peut cohabiter, vivre et se reproduire.

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