Connaître les pollinisateurs pour mieux les protéger

Les abeilles sont indispensables pour la production de trois quarts des cultures dans le monde ! Elles transportent le pollen de fleur en fleur, assurant la pollinisation et donc la production de semences et de fruits. Leur diminution constitue donc un sujet préoccupant. Agriculteurs, sélectionneurs et apiculteurs travaillent main dans la main pour garder abeilles et autres insectes pollinisateurs en forme.

Abeille sur fleur de colza

Le monde des pollinisateurs

Amélie Mandel, animatrice du Réseau biodiversité pour les abeilles, fait remarquer que les abeilles domestiques ne constituent qu’une partie de la grande famille des pollinisateurs. Une seule espèce existe en France : Apis mellifica. C’est elle qui est élevée en ruche par les apiculteurs pour la production de miel. « Il existe beaucoup d’autres pollinisateurs moins connus qui vivent aussi en colonies, comme les bourdons, dont on recense plus d’une quarantaine d’espèces en France. Par ailleurs, il y a près de 1 000 espèces d’abeilles sauvages qui, elles, demeurent, solitaires ». Bourdons et abeilles sont des insectes « poilus ». Leurs poils leur permettent de collecter et de transporter le pollen de fleur en fleur, assurant par la même la bonne fécondation des plantes.

D’autres espèces comme les guêpes et les ichneumons assurent la distribution du pollen qui se « colle » à leur corps par électricité statique ! « Beaucoup de diptères, comme les mouches, les syrphes et les éristales assurent, eux aussi, le transport de pollen. Ils représentent même le deuxième ordre le plus important de pollinisateurs ! ».

Nidifier et se nourrir

Pour assurer le transport du pollen, les insectes pollinisateurs doivent pouvoir se nourrir et nidifier. « Les pollinisateurs ont besoin de sucres qu’ils butinent dans les fleurs (le nectar), mais aussi de protéines qu’ils extraient exclusivement du pollen. Ces protéines, essentielles pour les larves, assurent la santé et le dynamisme des colonies », analyse Amélie Mandel.

D’un point de vue nutritionnel, c’est la qualité et la diversité des apports qui garantit une bonne activité des insectes pollinisateurs… La flore naturelle (dans les bordures de chemin, les bandes enherbées et les haies) et les cultures (colza en mai-juin suivi du tournesol à la fin de l’été) apportent une grande quantité de nutriments. Le reste du temps, il est nécessaire de palier aux manques, en introduisant des cultures spécifiques pour les pollinisateurs. Ainsi les jachères apicoles de plein été et les intercultures apicoles d’hiver permettent de combler les périodes de disette et de diversifier les apports.

Amélie Mandel rappelle qu’il faut en moyenne plus de cinq familles de pollen pour que les abeilles et les bourdons soient en bonne santé. A l’inverse, certaines espèces sauvages d’insectes privilégient une source particulière et disparaissent s’ils n’y ont plus accès.

« En forme », les abeilles travaillent pour l’agriculture

Les producteurs de semences de colza et de tournesol se sont rassemblés dès les années 1960 pour former l’Anamso, association qui promeut, entre autres, les progrès techniques liés à la production de semences chez les oléagineux. Animatrice du réseau, Alexandra Drouet explique le rôle indispensable des abeilles dans la fécondation des fleurs femelles, sachant que 85 % du transfert du pollen se fait par les insectes sur une période assez courte de quelques jours à quelques semaines.

« Les agriculteurs-multiplicateurs utilisent principalement des abeilles domestiques, et s’associent donc avec des apiculteurs. Des réseaux d’échanges se sont concrétisés, comme le réseau Beewapi qui propose une mise en relation directe entre agriculteurs et apiculteurs. Il permet d’apporter des ruches au cœur des lieux de production. Mais la richesse en insectes pollinisateurs sauvage demeure cruciale, car des études ont montré que la présence de pollinisateurs sauvages pouvait multiplier par 5 l’efficacité des abeilles domestiques. »

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